L'HISTOIRE DE LA JORDANIE

Une terre de civilisations successives

 

 

Située dans le croissant fertile, où est née l’activité agricole humaine, la Jordanie a conservé depuis, les traces de toutes les civilisations qui l’ont occupée. L’Emirat de Transjordanie, territoire créé de toute pièce par les européens et le traité de Versailles, est devenu, depuis, le Royaume Hachémite de Jordanie et l’état le plus stable et le plus sûr du Proche-Orient.

 

Des premiers agriculteurs aux premiers royaumes.

 

Des traces d’occupation humaine, remontant à plusieurs centaines de milliers d’année, ont été trouvées dans la vallée du Jourdain, vers Amman et dans le Wadi Rum, mais la Jordanie voit apparaître (dans l’actuelle Cisjordanie) les premiers agriculteurs 10.000 ans avant J.C grâce à sa situation (l’extrémité occidentale du croissant fertile).
Dés 8000 ans avant J.C, Jéricho est déjà une ville importante et la région pratique la chasse et l’élevage des chèvres, puis, vers 5000 ans avant J.C, apparaissent les poteries, les temples ainsi que la culture de l’olivier et l’élevage du mouton et du bœuf. Vers 1500 avant J.C, la région est soumise aux influences de l’Égypte et de la Mésopotamie.
Au XIII° siècle avant J.C apparaissent trois nouveaux royaumes qui se partagent l’actuelle Jordanie : Ammon, au nord avec Rabbat Ammon comme capitale (actuelle Amman), Moab au centre et Edom au sud. Battus et unifiés par le roi David ils devront se soumettre au royaume d’Israël, situé sur l’autre rive du Jourdain.


  

Pétra, la capitale Nabatéenne - Jerash, cité Gréco Romaine - Madaba, ville byzantine et ses mosaïques

 

Des Assyriens aux Babyloniens


En 733 avant J.C les Assyriens (originaires du nord de la Mésopotamie) pénètrent en Jordanie et soumettent les royaumes d’Israël, d’Ammon, Moab et Edom, mais en 612 avant J.C l’empire assyrien est remplacé par les Babyloniens (originaires du sud de la Mésopotamie) qui détruiront les royaumes d’Ammon et d’Israël et déporteront les israélites.

 

Des Perses aux Macédoniens


En 539 avant J.C, l’empire babylonien est renversé à son tour par Cyrus qui impose la domination des Perses jusqu’en 333 avant J.C, date à laquelle Alexandre le Grand bat les Perses et assure la suprématie Macédonienne au Moyen-Orient jusqu’au I° siécle avant J.C (période des Séleucides).

 

Des Nabatéens aux Romains


A la même époque, apparaissent les Nabatéens, des nomades originaires de la péninsule arabique et qui pratiquent le commerce de l’encens et de la myrrhe entre le Yémen et la Méditerranée. Les Nabatéens fondent le royaume de Petra qui va prospérer, grâce au commerce entre Orient et Occident, et résister aux successeurs d’Alexandre le Grand ainsi qu’a Pompée (qui crée la Province Romaine de Syrie en 64 av J.C). Mais l’emprise romaine se fait de plus en plus forte et Rome crée, sous l’empereur Trajan, la Province Romaine d’Arabie et conquiert enfin le royaume nabatéen en 106 après J.C. Dorénavant, tout le Proche-Orient est sous domination romaine et la « Pax Romana » s’installe (une longue période de paix qui va durer 5 siècles). Durant cette période romaine, les villes grecques, fondées au II° siècle avant J.C sous les successeurs d’Alexandre le Grand, comme Gerasa (Jerash), Pella, Gadara (Umm Qays), Philadelphia (Amman) et qui s’étaient regroupées en Décapole (10 villes) se transforment. Les vestiges de Jerash datent de cette époque du II° siècle après J.C (voir histoire de Jerash).

 

 

   
Ruines des Croisés - Fresques byzantines - un roi de Petra ?- Lawrence d'Arabie

 

Des Byzantins aux Arabes


En 324 Aurelius Claudius Constantinus, premier empereur converti au christianisme, fait de Byzance (Constantinople) la capitale de l’Empire Romain d’Orient, qui, à la chute de Rome (476) s’appellera l’empire Byzantin (voir histoire d’Istanbul). Autorisé par l’empereur Constantin, le culte chrétien est en plein essor et les premiers évêchés se fondent dés 325 sur le territoire jordanien à Madaba, Jerash, Amman, et au V° siècle, la population est massivement convertie au christianisme. Puis les églises, qui s’ornent de riches mosaïques byzantines, se multiplient et plusieurs sites deviennent des lieux de pèlerinage comme le Mont Nebo (sanctuaire de Moïse) ou le lieu de baptême du Christ.
Mais la domination byzantine prend fin en 636 à la bataille de Yarmouk avec la conquête arabe, consécutive à l’avènement de l’Islam. Partie de la péninsule arabique en 632, la conquête arabe domine, en quelques années, le Proche-Orient : Syrie, Mésopotamie (Irak), Iran et Egypte, puis l’Afrique du Nord en 670. L’expansion de l’Islam se poursuit en Espagne en 711 (voir histoire de Madrid) et atteindra l’Inde en vagues successives de 713 à 1192 (voir histoire de l’Inde du nord).

 

Des Omeyyades aux Abbassides et aux Croisés


Dés 670, les nouveaux conquérants arabes prennent en main l’administration de la région des actuelles Jordanie et Syrie et fondent la première dynastie islamique : celle des Omeyyades, dont les califes vont construire les châteaux qui existent encore à l’est d’Amman (voir circuit en Jordanie).
En 750 les Omeyyades sont remplacés par la dynastie des Abbassides qui se déplacent à Bagdad, entraînant le déclin de la région qui va se morceler en petites principautés et voir passer, à partir de 1095 (date de la première croisade), deux siècles de croisades.
A partir de la prise de Jérusalem (1099), et afin de surveiller les routes, les Croisés vont s’installer dans la région et construire des forteresses dont le meilleur exemple est le château de Kerak.
Puis les armées musulmanes, conduites par Saladin, entreprennent la reconquête et reprennent Jérusalem (1187). Saint Jean d’Arc, dernière ville tenue par les Croisés, tombe en 1291, mettant fin à la présence Franque en Orient.

 

De la domination Ottomane à la Grande Révolte Arabe


La prise de Constantinople (actuelle Istanbul) par les Turcs en 1453 met fin à l’empire Byzantin (voir histoire d’Istanbul) et le Proche-Orient passe alors sous le contrôle des ottomans, puis au XVI° siècle, la Jordanie du nord est rattaché à Damas. Il faut attendre le XIX° siècle pour que l’empire Ottoman (alors allié de l’Allemagne) décline, tandis que Français et Anglais s’intéressent au Proche-Orient.
Pendant la 1° guerre mondiale, sûrs du démantèlement de l’empire Ottoman, après la défaite probable de son protecteur allemand, Français et Anglais vont se partager l’influence sur l’Orient. En mai 1916, les accords secrets Sykes-Picot (du nom des ministres Britanniques et Français des affaires étrangères) accordent la Transjordanie et la Palestine aux Anglais et la Syrie et le Liban aux Français. Mais en attendant la fin de la guerre les anglais suggèrent aux Arabes de se révolter contre les Turcs et de créer un Royaume Arabe indépendant. En juin 1916 le chérif Hussein et ses fils lancent la « Grande Révolte Arabe ». Les armées arabes, encadrées par le célèbre officier britannique, T.E Lawrence (d’Arabie), prennent Aqaba en 1917 et remontent jusqu’à Damas, qui sera prise en octobre 1918.
Mais sitôt la guerre finie, Français et Anglais, « oubliant » leur promesse, appliquent les accords Sykes-Picot (qui seront confirmés par le traité de Versailles de 1919) et mettent fin au rêve du Grand Royaume arabe. Toutefois, un des fils de Hussein (Fayçal) obtient le trône d’Irak et un autre (Abdallah), reçoit en 1923 l’Emirat de Transjordanie, un territoire créé de toute pièce et séparé de la Palestine depuis 1921, mais qui reste sous mandat britannique.

 

 

  

Gravures rupestres dans le Wadi Rum - Inscriptions grecques à Jerash - Invasion romaine

 

De l’indépendance à nos jours


Lors de la seconde guerre mondiale, les troupes jordaniennes jouent un grand rôle dans la région auprès des troupes britanniques. Aussi, à la fin de la guerre, Abdallah réclame aux Anglais l’indépendance de son pays. Elle sera accordée en mars 1946 et l’Emirat devient le Royaume Hachémite de Transjordanie, avec Abdallah comme roi, en mai 1946.
Après la guerre entre les pays arabes et le nouvel état d’Israël (crée en 1948), l’émirat annexera la Cisjordanie et Jérusalem-Est (janvier 1949), devenant le Royaume de Jordanie (nom qu’il gardera après la perte de la Cisjordanie, qui sera annexé à l’état Hébreu après la guerre Israélo-arabe de 1967). Mais le roi Abdallah est assassiné à Jérusalem en juillet 1950. Son fils lui succède, mais atteint de folie, celui-ci devra laisser le trône à son jeune fils, le roi Hussein de Jordanie qui sera couronné en mai 1953 et restera au pouvoir jusqu’en 1999 (son fils prendra alors la tête du royaume sous le nom d’Abdallah II).


En septembre 1970 (septembre noir), le roi Hussein et son armée combattent les Fedayins palestiniens de Georges Habache (3000 morts), mettant fin à l’OLP en Jordanie, mais surtout, rendant le royaume de Jordanie comme l’état le plus stable et le plus sûr du monde arabe, surtout après l’accord de paix signé avec Israël en 1994 et malgré les attentats suicides de novembre 2005, commis contre 3 hôtels d’Amman (épargnée jusque là par des actes terroristes).



 

Voir aussi

- les repères chronologiques

- le mashrek pour en savoir plus sur les relations de la Jordanie avec ses voisins et sur la question palestinienne

- vidéo sur les relations de la Jordanie avec ses voisins

- vidéo sur les problèmes liés aux ressources en eau

 

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